A propos
Cette rétrospective retrace l’ensemble de la carrière d’Henri-Edmond Cross, de l’impressionnisme au néo-impressionnisme, et jusqu’à ses derniers tableaux, dont la couleur a retenu l’attention des Fauves. Du 27 juillet au 4 novembre 2018, le musée des impressionnismes Giverny propose de découvrir plus d’une centaine d’œuvres de l’artiste, considéré, aux côtés de Paul Signac, comme l’un des pères de la modernité.
Le catalogue d’exposition
Début de carrière : de l’apprentissage académique aux premiers essais impressionnistes
Henri-Edmond Cross, de son vrai nom Henri Delacroix, n’a que dix ans quand il prend ses premières leçons de peinture à Lille en 1866, auprès de Carolus Durand. Cet apprentissage sera très bref, en raison du départ du maître pour Paris. En 1878, le jeune peintre décide de suivre les cours des écoles académiques de Dessin et d’Architecture de Lille. Il s’essaie d’abord au portrait et peint ses proches dans une veine réaliste. Mais la découverte du Midi en 1883 le pousse à s’intéresser à la peinture de paysage. S’il conserve un dessin net pour la représentation des personnages, il adopte une technique plus libre pour le rendu de la nature, qui se rapproche de celle des impressionnistes.
La découverte et l’adoption du néo-impressionnisme
« Je voudrais peindre du bonheur, des êtres heureux comme pourront l’être dans quelques siècles (?) les hommes, la pure anarchie réalisée… »
Henri-Edmond Cross, lettre à Paul Signac en 1893.
Dès 1884, Henri-Edmond Cross fait la rencontre de Georges Seurat, Paul Signac, Albert Dubois-Pillet et Charles Angrand. S’il ne se rallie pas immédiatement à leur groupe, il observe toutefois attentivement les débuts du néo-impressionnisme. En 1886, l’exposition du tableau manifeste de Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l’île de la Grande-Jatte, provoque un scandale. Ce n’est qu’à la mort de Seurat, en 1891, que Henri-Edmond Cross adopte la technique néo-impressionniste de la division des couleurs. Cette évolution est visible dans le portrait qu’il fait d’Irma Clare, sa future épouse, alors mariée au romancier Hector France.
Le premier néo-impressionnisme d’Henri-Edmond Cross
« Ici nos plages sont désertes. L’élégance ne réside que dans les pins qui sortent du sable et dans la délicieuse demi-lune que forme le rivage. Mais que cela est éternellement beau ! »
Henri-Edmond Cross, lettre à Charles Angrand en 1901.
Dès l’automne 1891, Henri-Edmond Cross s’installe dans le Var avec Irma Clare. Le paysage méditerranéen ne cessera de l’inspirer dans les années suivantes. La pureté et les couleurs de la nature encore vierge le fascinent et son émotion transparaît dans ses premières œuvres néo-impressionnistes. Il peint également des paysages dont le synthétisme tend vers l’abstraction, tels que sa représentation des Îles d’Or, empreinte de modernité. Sa palette évoque l’art de Pierre Puvis de Chavannes. Il ajoute, en effet, du blanc aux couleurs primaires qu’il utilise, conférant ainsi à ses œuvres un aspect mat qui n’est pas sans rappeler celles du peintre symboliste.
De la lumière à la couleur : l’évolution de la technique néo-impressionniste d’Henri-Edmond Cross
A partir de 1892, Paul Signac passe ses étés à Saint-Tropez et les deux peintres se rencontrent régulièrement. Sous leur influence, la technique néo-impressionniste évolue. Henri-Edmond Cross élargit sa touche et utilise des couleurs pures dès 1895. Ses œuvres s’animent de larges arabesques, qui jouent le rôle de lignes directrices pour l’œil du spectateur. Ses œuvres sont exposées en France, en Belgique, en Finlande, en Angleterre et en Allemagne et il est célébré dans toute l’Europe après sa mort en 1910. Indubitablement, il joue un rôle important dans la libération de la couleur et son art impacte les avant-gardes du début du XXe siècle.
Aux côtés de toiles lumineuses et colorées, le musée des impressionnismes Giverny expose un ensemble de dessins qui témoignent des nombreuses techniques dont Henri-Edmond Cross a usé. Les œuvres venues de prestigieuses collections publiques et privées d’Europe et des Etats-Unis retracent l’évolution de son art. La rétrospective rend hommage à un acteur majeur de la naissance de l’art moderne.
Commissariat : Marina Ferretti, directeur scientifique, musée des impressionnismes Giverny, assistée de Valérie Reis, chargée des expositions, musée des impressionnismes Giverny
Exposition organisée par le musée des impressionnismes Giverny en collaboration avec le Museum Barberini, Potsdam.
Avec le soutien exceptionnel du musée d’Orsay.
Exposition présentée également au Museum Barberini, Potsdam, du 17 novembre 2018 au 17 février 2019.
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En résonance
De l’impressionnisme à l’art contemporain
C’est un ensemble d’estampes de l’artiste français Jean-Philippe Lemée qui achève le parcours de l’exposition. En utilisant le procédé numérique et en jouant de la reproductibilité de l’œuvre, Lemée entend réaffirmer à sa manière l’expression d’une modernité symbolisée par les Nymphéas de Claude Monet dont il s’est inspiré. La simplification des formes et les couleurs traitées en aplat, générées ici par l’ordinateur, opèrent une distance avec la réalité allant jusqu’à l’abstraction. Autant d’éléments à rapprocher des recherches des peintres fauves largement influencés par le néo-impressionniste Henri-Edmond Cross qui osa s’affranchir de la représentation « réaliste » de la nature en poussant à son paroxysme le chromatisme de sa palette.
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