Nymphéas avec rameaux de saule de Claude Monet
Claude Monet (1840-1926)
Nymphéas avec rameaux de saule, 1915
La longue élaboration du motif des nymphéas
De 1883 à 1899, alors qu’il aménage son jardin, Claude Monet évite de le représenter et privilégie les motifs des alentours : les meules dans les champs de Giverny, les peupliers au bord de l’Epte… En 1893, il fait l’acquisition d’une parcelle de terrain située de l’autre côté du chemin de fer et de la route qui longeaient le bas de son jardin. C’est là qu’il entreprend de créer son bassin aux nymphéas, utilisant pour l’alimenter, et avec l’autorisation du préfet de l’Eure, l’eau d’un bras de l’Epte. Progressivement, il dessine le paysage autour de l’étang, y plante des arbres et des fleurs innombrables. En 1899, les vues du jardin font leur apparition dans sa peinture : d’abord les carrés fleuris du jardin s’étendant au pied de sa maison, puis le jardin d’eau et son pont japonais. A partir de 1903, Monet travaille sur la série des Nymphéas, se concentrant sur le motif du bassin jusqu’à faire disparaître ses berges et l’horizon. Il la présente en 1909 à la galerie Durand-Ruel, sous le titre Nymphéas. Séries de paysages d’eau et le motif restera sa principale source d’inspiration.
Des années plus tard, en 1924, Monet explique à l’écrivain Marc Elder : « J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas. Je les avais plantés pour le plaisir ; je les cultivais sans songer à les peindre…Un paysage ne vous imprègne pas en un jour… Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des fééries de mon étang. J’ai pris ma palette… Depuis ce temps je n’ai guère eu d’autre modèle ».
Une impression d’immensité
Monet rêve d’un décor inspiré par son bassin aux nymphéas. En 1909, le critique d’art Roger Marx lui prête ces propos : « La tentation m’est venue d’employer à la décoration d’un Salon ce thème des Nymphéas : transporté le long des murs, enveloppant toutes les parois de son unité, il aurait procuré l’illusion d’un tout sans fin, d’une onde sans horizon et sans rivage ; les nerfs surmenés par le travail se seraient détendus là, selon l’exemple reposant de ces eaux stagnantes, et, à qui l’eut habitée, cette pièce aurait offert l’asile d’une méditation paisible au centre d’un aquarium fleuri ».
Dans les années qui suivent, et surtout à partir du déclenchement de la guerre 1914-1918, Monet se consacre à ce projet, qui s’épanouira dans les décors des Nymphéas du musée de l’Orangerie, offerts par l’artiste à l’Etat pour célébrer la fin du conflit mondial.
Nymphéas avec rameaux de saule, datant de 1916-1919 et restée dans son atelier à sa mort, a été offerte par Michel Monet au lycée Claude Monet, qui l’a déposé au musée des impressionnismes Giverny en 2021. La toile témoigne de l’audace avec laquelle Monet s’affranchit de la tradition occidentale du paysage : « il ne cherche pas les lignes qui pyramident ou qui concentrent le regard sur un point unique ; le caractère de ce qui est fixe, immuable, lui semble contradictoire avec le principe même de la fluidité ; il veut l’attention diffuse et partout répandue », écrit Roger Marx.
L’harmonie qui se dégage de cet impressionnant point de vue sur le bassin et les saules confère une impression d’immensité et de perte de repères à la composition. L’œil se meut librement sur la surface peinte. Les branches des saules pleureurs effleurent la surface de l’eau. Les nymphéas créent une subtile courbe qui parcourt le paysage de gauche à droite, créant ainsi une dynamique. L’eau et l’air ne font qu’un.
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